La guerre commerciale américano-chinoise s'enlise
Donald Trump a indiqué mardi qu'à défaut d'accord avec Pékin, il augmenterait de nouveaux les droits de douane sur les importations chinoises. Le président américain se rend ce mercredi au Texas dans l'usine d'Apple à qui il a, en septembre, accordé des exemptions.
Le président américain a assuré une nouvelle fois que Pékin avait plus à y perdre que les Etats-Unis.
Brendan Smialowski/AFP
Le temps passe et rien ne se passe. Depuis la rencontre de Donald Trump et du vice-Premier ministre chinois, Liu He, le 11 octobre à Washington, plus de cinq semaines se sont écoulées sans qu'un accord précis soit encore en vue. « Si nous ne trouvons pas d'accord avec la Chine, j'augmenterai tout simplement encore plus les taxes douanières », a d'ailleurs déclaré le président américain mardi, tout en assurant une nouvelle fois que Pékin avait plus à y perdre que les Etats-Unis. Une déclaration qui n'a pas rassuré les marchés. A l'ouverture mercredi, Wall Street a ouvert en léger recul, inquiète d'une impasse.
Donald Trump devrait continuer à promouvoir l'emploi sur le sol américain, à l'occasion d'une visite, ce mercredi après-midi, de l'usine d'assemblage d'Apple à Austin (Texas), en compagnie du PDG de l'entreprise, Tim Cook. Le groupe californien a obtenu, en septembre, une exemption de droits de douane pour une dizaine de composants clés de ses ordinateurs haut de gamme MacPro, s'engageant en retour à maintenir son activité sur place. Le fabricant des iMac et iPhone a d'ailleurs annoncé ce mercredi l'extension de son campus texan, pour un montant de 1 milliard de dollars. La production américaine d'Apple ne représente toutefois qu'une faible minorité des ventes du groupe, l'essentiel de ses produits étant importés de Chine et d'Asie du Sud-Est.
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Soutien à Hong Kong
Officiellement, les discussions entre Pékin et Washington se poursuivent toujours pour trouver un premier accord formel. Mais les deux administrations divergent visiblement sur les concessions préalables à une signature. Selon l'agence Bloomberg, Pékin demanderait que tous les droits de douane appliqués par les Etats-Unis depuis mai dernier soient retirés et que les taxes mises en oeuvre avant cette date le soient ensuite progressivement.
Les violences en cours à Hong Kong attisent les discussions. Mardi, les sénateurs américains ont voté à l'unanimité un texte affirmant les « droits humains et la démocratie » à Hong Kong et menaçant de suspendre le statut économique spécial accordé par Washington à l'ancienne colonie britannique. Un texte similaire avait déjà été adopté par la Chambre des représentants, qui avait suscité la colère de Pékin.
« Le président a clairement indiqué qu'il nous serait très difficile de conclure un accord avec la Chine s'il y a de la violence ou si cette question n'est pas traitée correctement et humainement », a, de son côté, rappelé le vice-président Mike Pence dans une interview.
Entreprises américaines pénalisées
En gage de leur bonne volonté à rouvrir les discussions avec la Chine, les Etats-Unis avaient suspendu début octobre la hausse des droits de douane prévue quelques jours plus tard. Mais une nouvelle vague de taxes est toujours programmée pour le 15 décembre, sur quelque 160 milliards de dollars de nouveaux produits chinois, notamment des jouets, des téléphones mobiles ou des ordinateurs.
Une hausse à laquelle les Etats-Unis n'ont pas intérêt, juge une étude récente du Peterson Institute. Car la plupart des exportateurs de ces produits seront alors « des entreprises multinationales non chinoises » - par exemple, Apple. Si les entreprises américaines choisissaient d'absorber les hausses de coût au détriment de leurs marges, elles seraient néanmoins pénalisées par rapport à leurs concurrents non américains, pointent les deux auteurs de l'étude, Mary Lovely et Yang Liang.
En attendant, Donald Trump a une nouvelle fois critiqué l'attentisme de la présidente démocrate de la Chambre des représentants, Nancy Pelosi, à propos de l'accord commercial USMCA avec le Mexique et le Canada. Le président du syndicat AFL-CIO a, de son côté, appelé à ne pas adopter l'accord tant qu'il n'incorporerait pas d'améliorations pour les salariés américains.
Véronique Le Billon (Bureau de New York)