Guerre commerciale Europe - Etats-Unis: la Chine dit merci
« Nice victory ! », tweete Donald Trump, rarement pris en défaut d’enthousiasme : l’OMC a accordé aux Etats-Unis le droit d’appliquer 7,5 milliards de dollars de taxes sur leurs importations en provenance d’Europe, en compensation des subventions versées par l’UE à Airbus. Le président américain a promis illico d’appliquer des droits de douane sur l’aéronautique, des produits agricoles et industriels. Les Etats concernés menacent maintenant de rétorsions sur le made in USA. Evidemment, il y a dans tout cela une part de bluff : aucune des deux parties ne veut engager de probables négociations en position d’infériorité. Mais si ces discussions devaient échouer – et la personnalité de Trump suffit à les rendre totalement aléatoires – l’enchaînement est prévisible : hausse des prix des produits concernés (voire renoncement à leur exportation) au détriment des consommateurs, menaces sur des milliers d’emplois de part et d’autre de l’Atlantique. Qui pourrait bien crier victoire ?
Certes, l’arrosage d’entreprises privées par des fonds publics est à considérer avec méfiance. Mais en l’occurrence, sans l’achat d’avions par l’armée américaine, Boeing n’aurait jamais eu les moyens de développer plusieurs de ses modèles, et l’aviation commerciale pas connu son boom des dernières décennies. Sans le soutien de ses Etats fondateurs, Airbus n’aurait jamais brisé le monopole de l’américain. Le petit jeu du « C’est lui qui a commencé » n’a donc pas grand intérêt. Mais surtout, il se déroule désormais sous l’œil goguenard de Xi Jinping – c’est une image. Pendant ce temps-là, en effet, la Chine prépare sa gamme d’avions de ligne, entièrement financée par le régime bien entendu. Et ni l’Europe, ni les Etats-Unis n’osent émettre la moindre critique, de peur que leurs entreprises perdent l’accès, déjà compliqué, à l’eldorado communiste. Comment dit-on « belle victoire » en mandarin ?