Le gouvernement chinois est prêt à faire "tout son possible" pour parvenir à un accord préliminaire dans la guerre commerciale qui l'oppose aux Etats-Unis, a assuré jeudi un porte-parole.
Après un an et demi d'affrontement à coups de hausses de droits de douane, Chinois et Américains ont convenu le mois dernier de parvenir à un accord préliminaire, aux termes duquel Washington renoncerait à de nouvelles sanctions commerciales, tandis que Pékin achèterait massivement des produits agricoles à l'oncle Sam.
Les discussions ont toutefois semblé patiner ces dernières semaines, le président américain Donald Trump accusant mercredi les Chinois de ne pas "faire leur part" du travail pour aboutir à compromis.
Interrogé lors d'un point de presse, le porte-parole du ministère chinois du Commerce, Gao Feng, a assuré que son pays était "prêt à travailler avec les Etats-Unis (...) pour répondre aux préoccupations fondamentales de l'autre partie et à faire tout son possible pour parvenir à un accord préliminaire".
Donald Trump avait à l'origine prévu de signer cet accord le week-end dernier avec son homologue chinois Xi Jinping en marge d'un sommet Asie-Pacifique au Chili, mais la rencontre à été annulée du fait de l'agitation politique dans ce pays.
Donald Trump a promis mardi une nouvelle hausse des tarifs douaniers visant les produits chinois si aucun accord n'est trouvé avec Pékin. "Si nous ne trouvons pas d'accord avec la Chine, j'augmenterai tout simplement encore plus les tarifs douaniers", a-t-il averti. A défaut d'accord commercial, les Etats-Unis prévoient de relever le 15 décembre les tarifs douaniers sur des produits électroniques chinois dont les téléphones portables.
De son côté, le président de la Banque mondiale a plaidé jeudi à Pékin pour de nouvelles réformes de la part de la Chine, jugées "vitales" pour son économie. Pékin doit "réduire ses subventions aux entreprises publiques" et "lever les barrières à la concurrence", a notamment déclaré David Malpass lors d'une conférence de presse commune avec le Premier ministre chinois Li Keqiang et d'autres responsables d'organisations internationales.
M. Malpass, considéré comme un "faucon" de l'administration américaine, a été nommé à son poste au printemps dernier par Donald Trump, les Etats-Unis désignant par tradition le patron de l'organisation qui a son siège à Washington.
© 2019 AFP
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No problem for Mister MarketPour Christopher Dembik, la guerre commerciale est « une donnée de risque devenue habituelle »
S’exprimant devant des journalistes, Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Bank, est revenu sur l’impact de la guerre commerciale en Bourse et l’action des banques centrales.
Pas une journée ne passe sans que l’on ne parle de tensions commerciales. Le sujet est devenu une rengaine sur les marchés financiers, au point que chaque déclaration, chaque mouvement d’oreille ne suscite aujourd’hui que peu de réaction. Pour preuve, le Cac 40 n’a enregistré de variation supérieure à 1%, que ce soit à la hausse ou à la baisse, qu’à deux reprises depuis le 15 octobre ! « L’amplitude liée à la guerre commerciale est limitée car les investisseurs se sont habitués à cette thématique, qui est devenue une donnée de long terme. Les discussions vont durer cinq ans, en tout cas, elles vont se prolonger durant le mandat du prochain président américain », a estimé Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Bank, lors d’un point presse jeudi 21 novembre.
Pékin ne sauvera plus l’économie mondiale
Si le conflit pèse sur l’activité, en particulier celle des fabricants de semi-conducteurs, l’expert n’entrevoit toutefois pas de récession aux Etats-Unis en 2020, ni même en 2021, mais son scénario de base n’a rien d’enthousiasmant. « La croissance restera flat », a-t-il affirmé, ajoutant que l’indicateur « maison », le Global Credit Impulse, se rapproche de la barre du zéro, après être tombé à quasiment – 5 au cours des derniers mois, signe que les mesures de soutien à l’économie, notamment celles prises par la Chine, fonctionnent. « La Chine représente un tiers de l’impulsion mondiale de la croissance, contre 30% pour les Etats-Unis et l’Europe », a-t-il souligné… Pour autant, il ne faut pas s’attendre à ce que la Chine « sauve » l’économie mondiale comme elle a pu le faire par le passé, notamment en 2008-2010 ou en 2016.
Pourquoi ? Tout d’abord, parce que Pékin s’est rendu compte que les injections massives de crédit ne sont plus le remède miracle : « Avant la crise financière mondiale, il fallait une unité de crédit pour créer une unité de PIB. Aujourd’hui, il en faut pratiquement 2,5… ». Ensuite, parce que le secteur immobilier, qui représente 80% du patrimoine des Chinois, reste bien orienté : « le taux de croissance des investissements immobiliers se maintient à un niveau élevé, dépassant légèrement les 10% en septembre, en dépit de son ralentissement. » Enfin, parce que le niveau de la dette est particulièrement élevé : « Les dettes publiques et les dettes des ménages n’ont jamais été aussi élevées : elles sont respectivement de 51 % et 53 % du PIB. » La Banque populaire de Chineva donc attendre avant d’intervenir.
Les banques centrales bientôt acheteuses de dette corporate
Mais à l’échelle mondiale, les banques centrales sont à la manœuvre. Aujourd’hui, 60% d’entre elles sont en phase d’assouplissement de leur politique monétaire, soit le niveau le plus important depuis la grande crise financière mondiale. Christopher Dembik est convaincu d’une chose : « Les taux d’intérêt vont rester durablement bas et les injections de liquidités sont amenées à durer. Les banques centrales sont les nouveaux market movers. » En zone euro, la BCE détient 70% de la dette française et 80% de celle allemande, or le vivier se tarit, ce qui pourrait conduire, selon l’expert, Francfort à se tourner vers les obligations d’entreprises bien notées…
Mais cette action des banques centrales a d’abord favorisé les marchés financiers et l’immobilier et non pas l’économie réelle. Les gens, dans la rue, commencent à en prendre conscience, d’où les manifestations observées ici et là. Pour Christophe Dembik, les crises sociales liées à la montée des inégalités est un risque à prendre très au sérieux. D’ailleurs pour lui, pas de doute, le prochain président américain, peu importe son identité, sera un « populiste qui voudra remettre en cause les marchés financiers. »