Donald Trump a fait des marchés financiers le juge de sa politique, et c’est sans doute pour cela qu’il a convoqué la presse, vendredi 11 octobre, juste avant la clôture de Wall Street, pour l’informer des avancées des négociations commerciales avec la Chine. « Nous sommes parvenus à un accord substantiel sur la phase 1 », a assuré le président des Etats-Unis, à l’issue de sa rencontre avec le vice-président chinois Liu He.
Le négociateur en chef chinois a qualifié les discussions de « très bonnes ». Après avoir progressé toute la journée sur la rumeur d’un accord, les marchés financiers ont toutefois fait grise mine : l’indice Dow Jones qui avait gagné près de 2 % en séance n’a fini que sur une petite progression de 1,2 %, déçu par la faiblesse de l’accord proclamé depuis la Maison Blanche.
Seule décision ferme, les droits de douane qui étaient censés monter de 25 % à 30 % pour 250 milliards de dollars (226 milliards d’euros) d’importations mardi 15 octobre resteront à leur niveau actuel. En revanche, rien n’est dit sur les hausses attendues en décembre. Le représentant américain pour le commerce, Robert Lighthizer, a déclaré que « le président n’a pas pris sa décision ».
Rien n’est dit non plus sur la suppression des droits que se sont infligés les deux pays depuis dix-huit mois. Le texte de l’accord de « phase 1 » n’est pas rédigé non plus. Il pourrait être signé d’ici cinq semaines par M. Trump et son homologue Xi Jinping lors d’un sommet des pays de la Coopération économique pour l’Asie-Pacifique (APEC) au Chili.
La journée de vendredi ne marque donc pas la fin de la guerre commerciale, ni un armistice. Tout juste une trêve et l’interruption provisoire des surenchères de l’été.
Requinquer l’électorat agricole trumpien
Les Chinois se sont engagés à acheter des produits agricoles, notamment du soja et du porc, pour des montants compris entre 40 milliards et 50 milliards de dollars. « Ce sera le meilleur accord jamais signé pour les agriculteurs », s’est réjoui M. Trump.
Rien de très révolutionnaire, cet engagement ayant été maintes fois mis sur la table par les Chinois, qui ont besoin de nourrir leur population. Mais cette avancée est importante pour le président américain, qui a besoin de requinquer son électorat agricole. Les fermiers du Midwest ont beaucoup souffert des rétorsions chinoises. S’ils sont restés fidèles à M. Trump – qui leur a octroyé 26 milliards de dollars d’aides fédérales en deux ans – et ont soutenu son affrontement avec Pékin, ils finissaient par s’impatienter d’une « victoire ».